« Back home

12 Years a Slave : le producteur du film anti-esclavagiste avait défendu l’Afrique du Sud durant l’apartheid

INFO PANAMZA. Dans les années 70, Arnon Milchan, producteur du film « 12 Years a Slave », avait organisé une campagne médiatique en faveur de l'Afrique du Sud. À la demande du gouvernement israélien. Décryptage.

**************************************

MISE À JOUR: publié initialement le 23 janvier 2014, l'article suivant est remis aujourd'hui (lundi 3 mars) en page d'accueil de Panamza, au lendemain de la cérémonie des Oscars. 

Le film 12 Years a Slave a obtenu hier le trophée du meilleur film. Le producteur dont il est question dans le papier de Panamza- dénommé Arnon Milchan- était présent sur l'estrade mais absent de la photo officielle.

12 years a slave

Producers Katagas, Kliner, Gardner, McQueen and Pitt pose with their awards for best picture for "12 Yearts a Slave" backstage at the 86th Academy Awards in Hollywood

Contrairement à la cérémonie -organisée la veille- des Independent Awards (vêtu d'un sweat-shirt bleu, il y a été cité et récompensé à l'instar des autres producteurs), les Oscars n'ont curieusement pas remis de trophée au richissime Israélien (cinquième fortune de son pays) en dépit de son rôle-clé comme co-producteur du film.

best_feature_spirit_awards_12_years_a_slave

Cette omission s'expliquerait-elle par la volonté de ne pas susciter de polémique autour du film en raison du passé embarrassant du personnage? Dimanche 2 mars, Under The Radar -un site américain très prisé par les militaires US- a fait savoir qu'il avait interrogé le FBI sur d'éventuelles enquêtes lancées au sujet de Milchan, suite aux récentes révélations relatives à son trafic antérieur de secrets nucléaires américains au profit d'Israël. Dans un courrier adressé le 30 janvier au site, le FBI a fait savoir qu'il n'avait pas "suffisament d'éléments" pour entamer une quelconque procédure à son encontre, en dépit de la "confession publique" de ses "agissements illicites". 

************************************************

Le 25 novembre, Panamza était le premier média francophone à rapporter la révélation exclusive du Hollywood Reporter: Arnon Milchan, célèbre producteur de cinéma (Pretty Woman, Brazil, Fight Club, Heat), avait reconnu (dans un documentaire diffusé en Israël) avoir longtemps été, dans le plus grand secret, un marchand d'armes et un trafiquant de l'industrie nucléaire au service de Tel Aviv.

Aujourd'hui, un fait méconnu, relatif au passé du milliardaire Milchan, mérite d'être exhumé. Dans les salles de cinéma, un nouveau film –encensé par la critique– est à l'affiche: 12 Years a Slave, réalisé par Steve MacQueen et consacré à l'histoire authentique d'un Afro-Américain ayant été capturé et réduit en esclavage au milieu du XIXème siècle.



Comme le révéla l'un des assitants de Brad Pitt (acteur et coproducteur), le film n'aurait pas vu le jour sans le financement de dernière minute de la compagnie New Regency. Fondée en 1991 par Milchan, elle avait accepté, en avril 2012, de coproduire et de distribuer l'oeuvre cinématographique en partenariat avec une filiale de la Fox.

Arnon Milchan et Brad Weston (New Regency Productions) à la première du film, Los Angeles,  04.10.13

Qui est Arnon Milchan exactement?

Voici ce que l'auteur de ces lignes avait rapporté à son sujet, sur Panamza et dans le livre Israël et le 11-Septembre : le grand tabou.

***************************************

Richissime producteur d’Hollywood (The Medusa Touch, Brazil, JFK, Fight Club), cet Israélo-Monégasque francophile et francophoneproche de Shimon Peres, est également un ancien trafiquant d’armes et un (ex ?) agent secret au service de la force nucléaire de l’État hébreu. De même que Rupert Murdoch, propriétaire ultra-sioniste du groupe Fox, et Ronald Lauder, responsable de la privatisation du World Trade Center, Arnon Milchan figure parmi les donateurs des campagnes électorales de Benyamin Netanyahu.

Milchan collabore également avec Lauder (président du Congrès juif mondial et mécène –décoré par François Hollande– des services secrets israéliens) en tant que co-actionnaire d'une chaîne de télévision basée à Tel-Aviv. L'autre homme présent dans le capital du média se nomme Yossi Meiman, un ancien du Mossad devenu président du groupe Merhav (spécialisé dans les pipelines et grand bénéficiaire de la guerre d'Afghanistan).

L'homme âgé de 68 ans a été recruté en 1965 par Shimon Peres (alors au ministère de la Défense, aujourd'hui président de l'Etat d'Israël) pour servir d'agent de liaison au sein du Lakam, le bureau de l'espionnage scientifique. En 1985, cette officine méconnue (en comparaison du Mossad) fut au coeur du scandale de l'affaire Jonathan Pollard, du nom de cet analyste américain du renseignement naval qui délivra des informations secret-défense aux espions israéliens.

L'Administration Reagan connaissaît les activités illicites de Milchan, réalisées depuis le sol américain, mais avait choisi d'abandonner toute poursuite judiciaire à son encontre.

sharon milchan

En 1975, Milchan porta d'abord son intérêt sur la France en achetant, sur les conseils du publicitaire Jacques Séguela, 50% de Citeca Productions. Son premier film, The Medusa Touch, sera porté à l'écran par la présence de Lino Ventura. Les acteurs de l'industrie cinématographique hexagonale lui rendront plus tard hommage -en 1996- à travers une soirée spéciale organisée par le Festival de Deauville. Une interview francophone de l'intéressé à cette occasion est visible sur le site de l'INA.

Trente ans auparavant, en 1967, Milchan se rendait au Salon de l'Air de Paris pour entamer une fructueuse relation d'affaires parallèle avec Raytheon, sous-traitant de l'armée américaine. Comme le détaille l'historien Yvonnick Denoël dans son livre Les Guerres secrètes du Mossad, paru en 2012, "Milchan devenait le banquier occulte des grosses opérations secrètes du renseignement israélien à l'étranger : non seulement celles du Lakam mais aussi parfois celles du Mossad". En 1965, le jeune Arnon venait de reprendre la direction d'une entreprise de fertilisants à la suite de la mort de son père. C'est alors qu'il découvrit que la petite compagnie familiale servait de couverture à une filière d'import-export en armement. Moshe Dayan, alors ministre de la Défense, et son adjoint Shimon Peres devinrent rapidement ses parrains et tuteurs en la matière. C'est dans un night-club de de Tel Aviv que Milchan et Peres se rencontrèrent et entamèrent alors une indéfectible amitié.

Dix ans plus tard, en 1975, le gouvernement sud-africain initia une alliance stratégique et secrète avec Israël, dénommée "Opération David". Arnon Milchan fut l'homme choisi par Shimon Peres pour représenter Israël et rejoindre le "Club des Dix", un groupe d'hommes chargés, à travers le monde occidental, de faciliter la promotion de l'image de l'Afrique du sud. Les moyens: persuasion, corruption, chantage et rachat de parts dans les capitaux des médias si besoin. La collaboration militaire, commerciale et nucléaire entre Prétoria et Tel Aviv culmina en 1979 avec le premier test commun d'une bombe à neutrons au large de l'Afrique du sud.

Propagandiste

Il existe une connexion indirecte mais singulière entre Arnon Milchan et Nelson Mandela: dans la seconde partie des années 70, tandis que Mandela traversait le coeur de sa détention (27 années de prison entre 1963 et 1990), Milchan, futur producteur d'Hollywood, était missionné par Shimon Peres pour redorer, notamment aux Etats-Unis, le blason de l'Afrique du sud. Extrait du livre de Denoël :

Pour Israël, la relation avec l'Afrique du Sud, premier client de son industrie militaire mais bientôt sous le coup d'un embargo international, devenait compliquée à gérer. Il fallait à la fois donner des gages verbaux de condamnation de l'apartheid, tout en préservant l'essentiel de la relation commerciale. Et en conseillant les Sud-Africains sur la meilleure façon de restaurer leur image dans les médias occidentaux. Dès 1976, le ministre de l'Information Connie Mulder et son adjoint Eschel Rhoodie lancèrent une campagne médiatique au financement quasi illimité. Suivant les conseils d'un ancien agent de la CIA et d'un homme d'affaires proche des services israéliens (Arnon Milchan), ils achèterent des journaux, financèrent des partis d'extrême droite, payèrent des lobbyistes à Washington et subventionnèrent même des campagnes électorales aux Etats-Unis pour faire battre des sénateurs démocrates farouchement anti-apartheid.

En novembre dernier, le web-media communautaire Jewish News One avait interrogé Ilana Dayan, journaliste israélienne à l'origine du scoop sur la confession de Milchan. Elle y relate (à 2') les implications de l'homme d'affaires dans la propagande politico-médiatique en faveur de l'Afrique du sud au temps de l'apartheid.



Fuck you. You know what? I did it for my country, and I'm proud of it

Milchan raconte avoir été "fier" de servir son pays et regrette d'avoir eu à nier ses activités auprès de ses collègues d'Hollywood. Son dernier film, neuf fois nominé aux Oscars, pourrait lui permettre d'obtenir le trophée doré qu'il n'a jamais reçu en quarante ans de carrière cinématographique parallèle. 

Curieusement, son nom ne figure pas dans la série des producteurs du film qui sont nominés sur la liste officielle des Oscars. Étrange omission: les cérémonies prestigieuses du Spirit Awards et du Bafta de Londres n'ont pas manqué, à l'inverse, de le créditer.

Même discrétion à propos de Milchan lors de la récente soirée des Golden Globes: bien que le nom de sa compagnie figura dans la liste des nominés, il n'a pas été cité lors du décrochage du Golden Globe du meilleur film dramatique. Idem lors du décrochage du Prix Darryl Zanuck: tous les producteurs (y compris Brad Pitt, à droite de l'image) étaient présents sauf Milchan.

Émettons ici une folle hypothèse: il est probable qu'Arnon Milchan ne se soit pas, non plus, déplacé à l'avant-première du film organisé, vendredi dernier, à Johannesbourg.

 Hicham HAMZA                                                              

Cet article vous a intéressé?

Soutenez le journalisme d'investigation de Panamza, la gazette de l'info subversive ! 

Rejoignez, dès à présent, les abonnés de Facebook /Twitter ET contribuez personnellement au développement fulgurant du site en effectuant le don de votre choix.

9 responses to 12 Years a Slave : le producteur du film anti-esclavagiste avait défendu l’Afrique du Sud durant l’apartheid

  1. On janvier 23rd, 2014 at 20:17 , Un musulman inquiet par l'islamophobie galopante en France et en Europe said...

    J'adore votre travail d'investigation Hicham Hamza,mais là franchement je ne vois pas l'intérêt de savoir que le producteur de ce film(très réaliste sur l'esclavage) est une ordure.

     

    Ce qui compte dans notre monde médiatique aujourd'hui c'est de frapper les esprits,de produire un travail de mémoire que ce soit pour l'esclavage ou la guerre d'Algérie par exemple.

     

    Si demain un film dénonçant le colonialisme en Algérie est produit par une ordure pro-israelienne je me fiche complètement.

    Ce qui compte c'est le message envoyé au grand public.

     

    Il ne faut pas regarder le monde de manière binaire:noir contre blanc.

    Si nous voulons survivre(avec l'islamophobie qui avance à grand pas en Europe) et faire avancer notre cause,il faut prendre l'aide d'où qu'elle vienne(tout en ne perdant jamais de vue notre objectif).

    Essayons,à l'instar d'autres communautés, d'apprendre  la stratégie politique:identifier nos ennemis,savoir jouer de leur division,jouer au billard à trois bandes.

     

    Si des intellectuels juifs,comme Askolovitch,dénoncent l'islamophobie,applaudissons-les.

    Même s'ils ne sont pas sincères!

    Parce qu'au fond ce qui compte c'est notre survie en Europe qui se joue en ce moment.

     

    Ne perdez jamais de vue que nos plus  grands ennemis sont les mouvements d'extrême droite en Europe,sur la pente ascendante aujourd'hui.

    Continuez votre travail(indispensable) sur les réseaux d'influence pro-israeliens,leur collusion avec les politiques français(notamment pour Valls,dont avez été le premier à révéler ses allégences),leur corruption des milieux musulmans.

     

    Mais arrêtez de voir le monde de manière BINAIRE!

    Si des juifs pro-israeliens vont dans notre sens, tant mieux!

    C'est mieux que l'alliance objective,et de plus en plus visible,des milieux pro-israeliens avec l'extrême droite française(cf.Zemmour,Finkielkraut,Goldnadel,ami de Marine Le Pen).

     

    D'ailleurs,j'aimerais aussi que vous vous intéressiez davantage aux milieux islamophobes d'extrême droite(dont certains ont des liens avec les milieux sionistes,mais pas tous),car ces mouvements pourrissent la vie des musulmans français(ex:manifestation de l'extrême droite à l'appel du FN(!)  contre la construction d'une mosquée à Bordeaux.).

     

    J'aimerais aussi que la jeunesse musulmane,bien consciente des enjeux de notre temps, ne tombe pas dans le piège qui consiste à voir des complots juifs partout(attention:je ne dis pas que les complots n'existent pas,bien au contraire,mais certains ne voient le monde qu'à travers des complots),et oublie que l'extr^me droite islamophobe fait des ravages en Europe.

     

    Donc en résmué:je salue votre travail journalistique de qualité,votre investogation des milieux pro-israeliens et leur influence(réelle) en France,mais ne tombons pas dans le piège d'Alain Soral qui se sert des musulmans pour cracher sur les juifs tout en soutenant le FN,parti islamophobe et qui se fiche des Palestiniens!

     

    PS:si vous pouviez aussi vous intéresser aux liens de Marine Le Pen avec l'extr^me droite juive(Goldnadel),ce serait bien car cela empêcherait que des musulmans naifs tombent dans le piège qui consiste  à présenter le FN comme un parti antisioniste,ce qu'il n'est pas!

     

    Merci:un lecteur attentif et régulier de vos articles.

     

     

  2. On janvier 23rd, 2014 at 21:00 , Grégory said...

    C'est impressionnant, un journaliste qui bosse. J'avais perdu l'habitude…

  3. On janvier 25th, 2014 at 22:41 , jha said...

    au Musulman inquiet…avec respect.

    tu devrais lire le blog "in search of  black assassins" et tu verras d'un tout autre oeil tous ces films sur l'esclavage…on a pas besoin de sionistes pour raconter la guerre d'Algerie pendant que d'autres sionistes fleurtent avec les neo-nazis Europeens.

    on a besoin d'une France qui se reveille et reprend le controle de son destin et de sa souveraineté…les sionistes parlent d'un remplacement de population en Europe(visant les Muslmans) pour mieux cacher le remplacement des élites d'Europe(par des sionistes ou sympathisant)…Une France libérée,souveraine est un atout pour l'Algerie et sa souveraineté.

    un proverbe Arabe dit "khod rai li bekik" …" suis le conseil qui te fais pleurer"…

     

     

  4. On janvier 27th, 2014 at 01:25 , Ayman said...

    @ musulman inquiet

    Pose toi la question, depuis quand l'islamophobie est galopante en Europe?

    Depuis le 11/09/01 ou depuis le début de la seconde intifada?

    Le soutien des musulmans français aux Palestiniens a rendu dingue les sionistes.

    Ils ont alors fait sauter la cordon sanitaire autour de l'islamophobie du FN.

    Les sionistes profitant, de leurs places au sein de l'état(Rémy Schwartz, rapporteur de la commission Stasi sur le voile à l'école, Alain Seksig, inspecteur général, Jean Pierre Obin, inspecteur général…) ou des médias(Gurfinkiel, BHL, Finkielkraut.. la liste est trop longue) ont banalisé l'islamophobie.

  5. On janvier 30th, 2014 at 13:12 , LD said...

    Ce producteur qui fait un film sur l'esclavage s'est bien gardé de dire dans son film qui étaient les armateurs de bateaux d'esclave qui débarquaient leurs "cargaisons" dans les débarcadères de Newport et de Charleston aux USA. Ce sont des listes INTERMINABLES de Aaron ceci, de Abraham cela, de Jacob et de David. Voilà qui étaient les trafiquants d'esclave. 

    Est-ce que l'on sait que par exemple que la 1ère synagogue des USA http://en.wikipedia.org/wiki/Touro_Synagogue a été construite avec l'argent de trafic d'esclaves? D'autre part est-ce que l'on s'interroge suffisament sur la présence de synagogues très anciennes en Jamaïque? Au Antilles françaises? etc… 

  6. On janvier 31st, 2014 at 15:14 , masita said...

    Merci Panamza pour ces articles, une information alternative aux médias français à la botte des sionistes.

    La france est sionisée et l'islamophobie est un pretexte pour occuper l'espris des français (désigner un bouc émissaire avec la complicité du FN et des lobbies juifs). 

  7. On février 5th, 2014 at 11:56 , Ashoka said...

    Merci Panamza pour cet article, contrairement au premier commentaire, je pense que dans un monde de propagande il est de savoir qui fait quoi pour pouvoir faire toutes les jonctions et assemblés le puzzle.

    Actuellement les films sur l'esclavage ne fait qu'éffleurer la réalité des faits pour avoir une petite idée je recommande la lecture du livre d'Rosa Amelia Plumelle-Uribe "La férocité blanche". 

  8. On mars 4th, 2014 at 08:50 , abdelkarim said...

    Bonjour et merci de nous informer car contrairement à certains commentaires il ne faut pas oublier que l'agenda des sioniste est là donc aider un film qui parle des excactions que d'autres sionistes ont pratiqués à l'époque fait que détourner l'attention et jouer la "pleurniche" internationnale car actuellemnt il y a un vent de vérité qui montre que israchien est derriere tout le terrorisme international même les takfiristes sont financés et soignés par israchien donc il faut le dire pas besoin d'être manipuler car actuellement tous les sionistes contre l'ISLAM et les musulmans après nous avoir cartonné depuis 1926 voir "hollywood est les arabes" ils sont maintenant empathiquent et comprennent notre discrimination "provoqué par eux même" pourquoi ? parce que les slogan des nazions ne sont plus dehors l'ISLAM mais sioniste chien d'israchien.

    Là le vent tourne mais contre eux….

  9. On mars 31st, 2014 at 20:48 , cabriolet said...

    Am Israel Hai 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


− 5 = 1

« Back home